les témoins de jéhovah et la watchtower analysée par brooklyntower

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 New Février 2014. 1914-2014, encore une gaffe!

Barbara Anderson


Une ex Témoin de Jéhovah a été un témoin oculaire privilégié
de malversations au sein de l'organisation Watchtower.
Barbara Anderson

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Traduction française : Jean-Pierre  février 2008
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Le procès Olin Moyle

A la bibliothèque du service juridique j'ai découvert deux volumes contenant la retranscription du procès-verbal du procès pour diffamation intenté en octobre 1940 par Olin R. Moyle contre douze cadres de la Watch Tower, ainsi que la Watch Tower Bible and Tract Society, Inc. of Pennsylvania et la Watch Tower Bible and Tract Society, Inc., of New York. En parcourant les livres, je m'aperçus que Moyle gagna son procès et la cour lui attribua trente mille dollars de dommages. J'ai apporté les volumes à Karl Adams qui a manifesté de la surprise en voyant ma découverte. Il a déclaré n'avoir pas eu connaissance du procès Moyle,  jugé en 1943. J'ai eu de la peine à croire que Karl n'ait pas entendu parlé de cette affaire, car au moment des faits il avait 14 ans, et il a rejoint le personnel de la Watchtower quelques années après alors que le verdict, à propos de Moyle, était encore un sujet délicat, bien présent dans les mémoires des Témoins.

Compte tenu de l'importance que joua le procès Moyle dans l'histoire des Témoins de Jéhovah, je n'ai pas de réponse permettant d'expliquer l'absence de mention de ce procès dans le livre retraçant l'histoire des Témoins. Peu après mon départ du Béthel, deux Témoins, des anciens  très en vue, ainsi que leurs épouses m'ont posé la même question alors que je visitais Burbank, en Californie. La raison qui leur avait fait accepter l'invitation à dîner tenait dans le fait de pouvoir s'entretenir de mon travail important de recherches qui les fascinait tant.

Ce soir-là, j'ai rencontré George Kelly, témoin de longue date, qui avait été le secrétaire personnel, au Béthel, de l'avocat très connu des Témoins, Hayden C. Covington. (Sur 138 cas présentés devant la cour suprême des Etats-Unis, au nom des Témoins, Covington en a défendu cent onze.) Olin Moyle a été l'avocat de la  société Watch Tower depuis 1935 jusqu'à ce que Rutherford l'évince en 1939. Il a été remplacé par Covington qui est intervenu en qualité d'avocat représentant la société, en 1940, dans le procès opposant  Minersville School District contre Gobitis, suite au refus d'obtempérer à l'obligation, dans les écoles publiques,  de saluer le drapeau.

L'autre homme accompagnant Kelly, Lyle Reusch était lui aussi un ancien bien en vue à Burbank, représentant spécial pendant de longues années, aux Etats-Unis, de la société Watch Tower,  ministre à temps plein en juin 1935 lors de son entrée au Béthel. Les deux hommes ont fait part de leur étonnement et de leur mécontentement de ne pas voir fait figurer le procès de Moyle dans le livre, édité en 1993,  sur l'histoire des Témoins. Avant et à l'époque du procès de Moyle, Kelly et Reusch étaient étroitement associés avec la société Watch Tower. Ils m'ont dit qu'ils étaient curieux de savoir comment l'auteur du livre aurait présenté l'épisode, peu reluisant, des responsables de la Watch Tower, spécialement Rutherford diffamant leur propre avocat Témoin dans le magazine La Tour de Garde.

Selon la transcription du procès, les problèmes de Moyle ont commencé peu après que ce dernier ait écrit une lettre personnelle à Rutherford afin de lui exprimer son aversion quant à sa consommation excessive d'alcool et son comportement extrêmement abusif envers autrui, comportement dont il a été témoin oculaire, sans compter les plaintes entendues ici et là. Arthur Worsley, membre du Béthel pendant de longues années et bien connu de Kelly et Reusch, était l'une de ces personnes qui se sont plaintes auprès de Moyle des humiliations infligées par Rutherford. Ce dernier a été si outré par les critiques de Moyle qu'il a chassé celui-ci et son épouse du Béthel et fait placer leurs effets personnels sur le trottoir. Moyle a été choqué par le traitement, mais les faits démontrent qu'il n'a en tout cas pas réagi. Non content d'avoir expulsé Moyle du Béthel, Rutherford et ses associés ont calomnié de façon vicieuse le caractère de Moyle dans le magazine La Tour de Garde, amenant Moyle à déposer une plainte pour diffamation contre toutes les parties responsables.  

Je mentionnais par la suite, à Kelly et Reusch, le nom d'Arthur Worsley. Nous avons parlé de la part prise par Arthur dans le procès Moyle, et tout deux ont admis qu'il avait présenté un faux témoignage lors de son interrogatoire. Je leur ai dit qu'après avoir lu la transcription de Moyle, j'ai parlé avec Arthur, un bon ami, à propos de son témoignage défendant la Watch Tower. Olin Moyle a raconté qu'un matin, dans la salle à manger du Béthel, Rutherford a publiquement et de façon injustifiée accusé Arthur. Plus tard Arthur s'en est plaint auprès de Moyle et lui a dit combien l'incident l'avait humilié. Cependant, devant la cour, Arthur a déclaré que Rutherford avait vraisemblablement raison en le reprenant. Il indiqua également que la remarque n'était pas hors de propos, et au plus grand étonnement de Moyle, il rajouta qu'il n'avait de ce fait aucune plainte à émettre.

Pourtant lorsque Arthur nous a parlé de l'incident survenu, dans la salle à manger, il a critiqué Rutherford de l'avoir humilié. Nous lui avons demandé pour quelle raison il a témoigné, sous serment, n'avoir jamais entendu de langage ordurier à la table du Béthel, ou pourquoi il a nié que les liqueurs occupaient la place d'honneur, alors qu'en fait il nous avait affirmé le contraire. Apparemment contrarié, Arthur répliqua que Rutherford l'aurait chassé du Béthel si son témoignage avait corroboré les déclarations de Moyle. Et comme il ne savait pas ou aller, il a menti à la cour.

Mais cela ne servit à rien, car après avoir entendu les divers témoignages, la cour condamna Rutherford et les autres responsables de la Watch Tower pour diffamation. Arthur nous a dit que les responsables ont été tellement en colère contre Moyle, qu'ils ont payé les trente mille dollars de dommage,  au moyen de pièces en argent, le traitant de "Judas".

En taisant volontairement l'affaire Moyle, la Watch Tower a occulté un épisode particulièrement choquant et déplaisant, dont elle ne ressort pas blanchie, offrant une image salie, et non celle que le livre historique tente de laisser, à savoir, celle d'une organisation sans taches. En des termes dépourvus de toute ambiguïté, les Témoins présents, ce soir-là, firent part de leur désapprobation quant à l'omission, dans l'ouvrage cité, de l'affaire Moyle, et au travail de révisionnisme initié par les responsables actuels de la Watch Tower, afin de présenter une histoire non ternie par les scandales, les erreurs, mais à contrario, comme son avant-propos le déclare, "objective et quelque peu candide".

A la recherche de réponses

A ce stade de mes travaux Karl m'a donné la transcription de l'enregistrement du compte-rendu du divorce de Russel, et particulièrement le contre-interrogatoire de Charles Taze Russell. Il n'a pas mis à ma disposition le contre-interrogatoire de Maria Russell, et je n'ai pas demandé pourquoi, mais bien des années plus tard, poussée par la curiosité, je l'ai lu. Bien évidemment j'ai vite compris ce qui avait décidé Karl à ne pas me transmettre la version de Maria Russell, Il savait que je serais étonnée de découvrir que Madame Russell a eu gain de cause dans la procédure de divorce, la cour estimant que le Pasteur s'était rendu coupable de conduite indigne à l'encontre de son épouse. Cette dernière a prouvé que les rumeurs malveillantes propagées par son mari étaient mensongères: elle était soi-disant une suffragette (militante pour les droits de la femme, ce qui était mal vu à l'époque); son but visait la prise en main du périodique La Tour de Garde, et si elle désirait se séparer de son mari, c'était essentiellement pour assouvir sa soif de pouvoir. De nos jours les révisionnistes de la Watch Tower continuent, encore et toujours, à répéter ces mensonges.

Par la suite, j'ai découvert en lisant le compte-rendu, de la Watch Tower, sur la mort de Charles Taze Russell le 1er décembre 1916, qu'il avait fait un mariage blanc. Cela m'a surprise au plus haut point. J'ai donc demandé si ces faits, obscurs, seraient publiés dans le nouveau livre retraçant l'histoire de la Société. Non, m'a-t-on répondu, le Collège central a jugé que ces informations pourraient troubler des membres du troupeau.

Un enseignement spécifique aux Témoins de Jéhovah, laisse entendre qu'après la mort des apôtres, à la fin du 1er siècle, une apostasie généralisée déboucha sur une copie du christianisme en donnant naissance à l'Eglise catholique romaine. Les Témoins de Jéhovah prétendent qu'en dépit de cette situation il y a toujours eu de "vrais" chrétiens sur terre, de la mort du dernier apôtre de Jésus jusqu'aux jours de Charles Taze Russell et de ses associés, eux-mêmes ayant adhéré aux enseignements de Jésus et de ses apôtres. Karl reçut la mission d'identifier ces vrais chrétiens, ce qui fut un véritable défi.

Mon examen a porté sur 4 points ou critères permettant, sans aucun doute, d'identifier "les fils du Royaume"; les trois premiers points se rapportaient au rejet de la trinité, de l'enfer et de l'immortalité de l'âme. Cependant, le 4e point était le plus difficile à justifier, il avait trait au sacrifice rédempteur du Christ, selon la compréhension des Témoins de Jéhovah. Pendant des mois le département de la rédaction collecta de nombreux ouvrages dans les bibliothèques spécialisées d'Europe, d'Angleterre et bien sûr des USA. J'ai lu la traduction anglaise de nombreux ouvrages écrits en diverses langues, à propos des mouvements non-conformistes qui sont sortis avant ou après le schisme de l'Eglise orthodoxe, et pendant la période de la Réforme. Pour tout dire, c'était extrêmement fascinant d'étudier, avec un œil critique, les premiers mouvements arianistes, tels les Lollards, les Vaudois, les Sociniens et les Anabaptistes.

Karl a acquis la conviction, en tenant compte de mon analyse des faits présentés, qu'il n'y avait pas une génération de vrais chrétiens pouvant être reliés à la génération suivante, si l'on tentait de le faire sur la base des 4 points mentionnés précédemment. Karl termina son travail de recherche en promettant que cette déclaration ne serait jamais faite, bien que cet enseignement n'ait pas été rejeté. Dans le livre "Les Témoins de Jéhovah: Prédicateurs du Royaume de Dieu", à la question suivante (p.44): "Qu'est-il advenu du vrai christianisme après le 1er siècle?", Karl a essayé d'apporter la meilleure réponse possible, soit: "Le vrai christianisme n'a jamais complètement disparu". Il ajouta: "Au fil des siècles, il y a toujours eu des humains qui aimaient la vérité", et dressa une liste de personnages, remarquables, fidèles à la Bible.

Au cours d'une autre mission que Karl m'a confiée, j'ai dû examiner la période allant de 1917 à 1918 afin de déterminer ce qui a permis au gouvernement des USA de lancer un acte d'accusation fédéral à l'encontre du Président Rutherford et de ses associés pour, entre autre chose, conspiration en violation de l' "Espionnage Act of june 15, 1917", et tentative de conspiration; ainsi que d'obstruction au recrutement et au service d'enrôlement des USA, durant la 1ère guerre mondiale. Quand il a appris que le gouvernement avait soulevé des objections à propos des pages 247 à 253 du livre "Le mystère accompli", 7e volume de l'étude des Ecritures, Rutherford a donné l'ordre de supprimer ces pages de tous les livres encore en stock. Ensuite la distribution du livre a été suspendue lorsque Rutherford a compris que l'ouvrage lui-même représentait une violation de l' "Espionnage Act". Mais malgré ses efforts, Rutherford et sept de ses plus proches associés ont été condamnés à purger de lourdes peines de prison dans une maison d'arrêt fédérale; ils ont été relâchés peu de temps après, à la fin de la guerre.

Karl et moi-même avons été stupéfaits en prenant connaissance des paroles de Rutherford figurant dans la transcription du compte-rendu, Rutherford et al. vs United State; ce n'était ni plus ni moins que des atermoiements afin d'apaiser la cour et le gouvernement, un gouvernement si souvent qualifié, par Rutherford,  de "satanique". Il ne fait aucun doute que Rutherford tenta par tous les moyens de calmer les autorités. Comme Karl le déclara franchement, le 2e président de la Watch Tower avait, sans aucun doute, compromis son intégrité. C'est certainement pour cette raison qu'à sa sortie de prison, Rutherford, forma le vœu de donner la priorité à l'annonce du Royaume sans tenir compte des persécutions éventuelles. A mes yeux il devint évident que durant son administration Rutherford n'eut de cesse de créer délibérément des problèmes, en attaquant les religions et leur clergé, ainsi que les gouvernements; essuyant en retour des actes de violence et des châtiments dont étaient victimes, en premier, les Etudiants de la Bible à titre individuel. Ce qui suscitait immanquablement la réprobation de Rutherford, celui-ci criant à la "Persécution"!

Au cous des deux ans pendant lesquels j'assistais Karl, mon travail de recherches me réserva bien des surprises, bonnes ou mauvaises, au sujet de l'organisation, mais malgré l'aspect négatif de certaines découvertes le doute ne s'est pas insinué en moi et mes convictions ne vacillèrent point. Bien sûr j'étais désappointée par le comportement de l'organisation qui n'était pas toujours sans reproches. Cependant, il n'est pas dans ma nature de manifester une suspicion tenace à propos de choses que je considérais comme véridiques. Etant une croyante fervente, il m'était plus facile d'imaginer que le comportement choquant des responsables de la Watch Tower Society était l'affaire de "mauvaises personnes" et non le reflet réel d'une religion dans son ensemble.

Des gens inoubliables

Lorsque j'ai appris que je ferai partie du personnel du département de la rédaction, j'ai considéré qu'être associée quotidiennement avec les hommes les plus spirituels du Béthel, hommes chargés de nourrir le troupeau, avec les dernières mises au point tirées des Ecritures, représentait un grand privilège. Trois membres du Collège central, soit Lloyd Barry, Jack Barr et Karl Klein, occupaient les postes de directeurs de la rédaction. Lloyd Barry, diplômé ès science, était l'éminence grise du département (c'est sous son égide, en 1992, que la société est devenue plus conciliante quant à la poursuite d'études supérieures par les jeunes Témoins; position qui a été modifiée en 2005). J'aimais bien Lloyd. Un jour je lui ai dit mon plaisir de pouvoir lire la correspondance de l'ancien Béthel de Nouvelle-Zélande. Il a voulu savoir, sur le champ, pour quelle raison j'avais accès à cette documentation. Sur le moment il avait oublié que je lisais ces documents au même titre que Karl Adams, dans le cadre de recherches afin de préparer la rédaction du nouveau livre de l'histoire des Témoins de Jéhovah. Quand je lui ai rappelé ce fait, il a ri.

Lloyd était originaire de Nouvelle-Zélande tout comme Frank Dewar, missionnaire pour la Watch Tower, dont j'avais lu l'histoire aventureuse d'évangélisateur en Indonésie dans les années 1930. Ce récit me rappela le personnage du film Crocodile Dundee. Aucune montagne n'était assez haute, aucune rivière n'était assez profonde pour empêcher Frank d'apporter le message des Témoins aux populations les plus éloignées. Dewar était le missionnaire préféré de Lloyd et bien sûr Crocodile Dundee était son film favori, de même que l'acteur qui tenait le rôle jusqu'à ce que ce dernier se sépare de sa femme pour se marier avec la vedette féminine du film.

Dans le nouveau livre retraçant l'histoire des Témoins de Jéhovah à la page 446, Karl Adams a écrit que lorsque Frank Dewar faisait route pour le Siam (actuellement la Thaïlande) il s’est arrêté à Kuala Lumpur en attendant d’avoir assez d’argent pour finir le voyage, mais pendant cette halte il eut un accident: il se fit renverser par un camion alors qu’il roulait à vélo. Une fois rétabli, il a pris "comme Karl l'a écrit" un train bondé pour Bangkok avec seulement cinq dollars en poche. Mais, confiant que Jéhovah pouvait subvenir à ses besoins (pas en italique dans le livre), il s’est mis à prêcher.

Mais le compte rendu figurant dans le livre, omet un élément profondément humain. Après l'accident Frank était resté inconscient et un peu plus tard il se réveilla dans un lit de ce qui lui apparaissait être un hôtel de 2e ordre; en réalité, selon les déclarations de Frank, il s'agissait d'une maison close réputée et ce sont des prostituées qui l'ont soigné jusqu'à ce qu'il recouvre la santé. Si cette partie de l'expérience de Frank avait été révélée, on pouvait alors croire à la promesse faîte par les éditeurs:" Les rédacteurs de ce livre se sont efforcés de relater les faits avec franchise et objectivité". Cependant, les auteurs ont présenté l'incident de Frank Dewar, dans le compte rendu historique des Témoins de Jéhovah, en prenant le parti de taire une partie du récit.

A partir de 1989 j'avais la certitude que Karl Klein avait connu ses meilleures années. Il était maintenant décrépi, un peu loufoque et se comportait presque comme un enfant, beaucoup l'évitaient non seulement à cause du timbre particulier de sa voix, mais aussi à cause de son excentricité inquiétante due à son âge. Il m'arrivait parfois d'apercevoir Karl assis, immobile à son bureau alors qu'il venait de terminer la lecture de l'ébauche finale d'un magazine ou d'un livre de la Watch Tower, remis à son attention pour approbation.

Un jour, en 1992, alors qu'il était à la recherche d'une oreille attentive, Karl Klein déclara avec excitation à un autre membre de la rédaction et à moi-même, qu'il avait fait une suggestion à ses collègues du Collège central et que cette nouvelle lumière serait révélée ce matin même, selon les procédures du Béthel, qu'il connaissait bien. Au cours du petit déjeuner, les 6000 membres du Béthel, installés dans les salles à manger dans 3 sites à New York, ont entendu pendant la discussion matinale (lecture du texte du jour), la déclaration suivante: Jéhovah n'a pas besoin de justifier son nom, son dessein principal étant de justifier sa souveraineté. Les Témoins de Jéhovah avaient pensé auparavant, particulièrement depuis 1935, que le dessein principal de Jéhovah n'était pas le salut des humains mais la justification de son nom propre. Et 57 ans plus tard, Karl Klein était certain qu'il avait agi, avec cette nouvelle interprétation, comme le visionnaire de Dieu et il voulait que nous l'apprenions, répétant, tout excité à qui voulait bien l'entendre que ce dernier changement venait de lui.

Jack Barr que nous considérions comme un ami personnel, était un homme bienveillant marchant dans l'ombre de Barry et faisant tout ce que celui-ci lui disait de faire. Malheureusement il était doux – non comme "une main de fer dans un gant de velours", mais plutôt comme une chiffe molle. La faiblesse de Barr devint plus évidente lorsque Lloyd Barry s'absenta pendant quelques temps et que trois rédacteurs principaux pressèrent Barr de se rendre à la salle des rotatives ou se trouvait Ted Jaracz; ce dernier avait intimé l'ordre de ne pas imprimer le Réveillez-vous! du 9 avril 1992 contenant des matières qui ne lui plaisaient pas, cependant en agissant de la sorte Jaracz avait nettement dépassé son dicastère. Le travail assigné à chaque membre du Collège central est bien délimité, ainsi les décisions, prises au sein du département de la rédaction concernant l'édition ou non d'un article, ne sont pas du ressort de Ted Jaracz; de même que les décisions de fonctionnement du département du service, sous les ordres de Jaracz, ne sont pas l'affaire de Barry, Barr ou Klein.

Un jour, je me suis plainte auprès de Jack à propos d'un rédacteur principal, particulièrement insupportable, qui venait d'être nommé comme assistant auprès du Collège central. Cet homme m'avait menacé parce qu'il pensait que je mettais mon nez dans des affaires ayant un lien avec la disparition d'archives très importantes prêtées à la société.  J'ai pensé qu'il fallait enquêter afin de déterminer si son comportement n'était pas contraire à l'éthique et ne remettait pas en cause sa position. Après m'avoir écoutée, Jack m'informa que sa nomination était irrévocable parce qu'il avait été nommé par "l'Esprit saint"; c'est ainsi que Jack éluda toute intervention dans cette affaire.

Harry Peloyan, responsable principal du personnel de la rédaction, coordinateur et rédacteur du magazine Réveillez-vous! devint un de nos meilleurs amis. Harry était diplômé de Harvard et membre du personnel depuis 1957. Sous des cheveux gris se cachaient un esprit vif et une intelligence sur laquelle l'âge n'avait pas d'emprise. Il s'était converti alors qu'il était un jeune adulte et restait une personne talentueuse et charismatique; sa conversion lui avait coûté, tant sur le plan matériel, il avait laissé une carrière bien rémunérée pour aller au Béthel, que sur le plan familial, son père, riche, l'avait déshérité parce qu'il n'avait pas voulu abandonner sa nouvelle religion. Harry est toujours intimement convaincu que seuls les Témoins possèdent "la vérité". Cependant, au fil de nos conversations je me rendis compte que son opinion et ses croyances n'étaient pas coulées dans le bronze et qu'il pourrait changer son point de vue face à un enseignement théologique ne provenant pas des Ecritures ou devant une loi organisationnelle choquante.

C'était toujours un plaisir de pouvoir discuter avec Harry sur des sujets qui nous passionnaient tous les deux, soit religieux ou séculiers, et même si nous ne partagions pas toujours la même opinion nous considérions l'autre avec respect. Il arrivait souvent que les articulations de ses mains, posées sur le bureau, qu'il serrait fortement, l'une contre l'autre, deviennent violettes, particulièrement lorsqu'il argumentait sur un point au cours d'une conversation animée. Sa colère à l'encontre de ceux qui refusaient de s'engager dans une voie menant à une organisation plus compatissante, bouillonnait sous un calme extérieur apparent et pouvait entrer en éruption lorsqu'il était finalement poussé dans ses derniers retranchements.

Nous parlions de l'éducation des enfants, avec ses joies et ses peines, même si Harry et sa chère épouse, Rose morte en 2005, n'avaient pas eu d'enfants. Dans les années 1990, le périodique Réveillez-vous! contenait des articles démontrant la valeur des conseils bibliques et l'amélioration, par leur mise en application, de la vie courante. Aussi lorsque notre fils écrivit une lettre pleine de prévenance et déclarant son appréciation pour le magnifique témoignage que nous lui avions donné, Harry décida-t-il de la reproduire en bas de page dans le numéro du 8 avril 1993 (anglais) de Réveillez-vous! comme un exemple de succès remporté par des parents, qui ont suivi la Bible dans l'éducation de leur enfant.

Il y avait toujours un besoin d'idées nouvelles pour maintenir l'intérêt des gens pour la littérature de la Watch Tower. C'est pour cette raison qu'Harry discutait souvent avec un groupe d'amis au quartier général à propos des dernières publications sorties, afin de savoir ce qui les intéressaient le plus. Comme d'autres membres du département de la rédaction il se plaignait que parmi ceux tenant les rênes de la Watch Tower, y compris au sein du Collège central, certains reflétaient l'état d'esprit des années 1950. Selon mes propres observations, ce sont les dizaines d'années passées au Béthel qui ont empêché les responsables de la Watch Tower de se familiariser avec les problèmes de société et le stress que les membres du troupeau affrontent quotidiennement ; de plus ces mêmes personnes, naïves, pensaient que la "lumière" ne passait que par eux.

Pendant la période au cours de laquelle j'apportais des réponses aux questions de Karl Adams, Harry a lu une partie de mon travail et nota que j'avais un certain talent pour l'écriture.  Sous sa tutelle et celle de Colin Quackenbusch, j'ai écrit une partie de sept articles de Réveillez-vous! La plupart des articles ont été écrits, et les recherches ont été effectuées, après ma journée de travail. Avec le temps j'ai réalisé que de nombreux articles de Réveillez-vous! étaient écrits par des hommes et des femmes qui n'appartenaient pas au service de la rédaction et édités par le personnel de la rédaction. Ainsi la table de travail de Harry était toujours nette, car ce dernier faisait souvent appel à des auteurs externes à son service pour rédiger des articles publiés sous son nom. Jusqu'à ce moment j'avais de l'admiration pour l'auteur, des nombreux livres et brochures, qu'il prétendait être. Mais si Harry n'avait pas écrit les documents, avait-il au moins vérifié les sources indiquées et proposées, comme il aurait du le faire? Harry était-il totalement responsable, lorsque des citations étaient mal utilisées? Un critique de la théologie de la Watch Tower, Alan Feuerbacher a collationné un grand nombre de citations tirées hors de leur contexte et utilisées dans les prétendus écrits de Harry. Je voulais, vraiment, croire que Harry était un rédacteur responsable et qu'il n'était pas au courrant des citations mentionnées hors de leur contexte par ceux qui lui ont présenté leurs articles.

 

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